Nous avons quitté Brisbane tôt ce matin pour nous rendre à Rainbow Beach situé à 5 heures de route plus au nord. Cette petite ville, très prisée par les touristes, doit sa popularité au fait
qu'elle se présente comme étant le principal point de départ pour les excursions organisées sur la célèbre "Fraser Island", Île constituée exclusivement de sable et regorgeant de
beautés... De toute "bôauhté".
Notre aventure se déroulant sur 3 jours et s'articulant autour de déplacements en 4x4 (pas très écologiques mais indispensables pour visiter le lieu) par groupe de 4 véhicules, il nous faut être
présent à notre auberge à 16h30 précisément le jour précédent notre départ afin d'assister à une réunion de préparation, indispensable aux...préparatifs.
Après formation des équipes et présentations rapides avec notre troupe constituée de David, l'anglais, d'Andreas, l'allemand, et de Pauline, Emma, Anna et Lena (merci Romy !!! Même après nos 3
jours, je n'arriverai toujours pas à me souvenir des noms de ce quatuor.. Je le découvre en même temps que je les écris !!! Rude), 4 filles également allemandes, nous regardons des vidéos
présentant les règles à suivre sur l'île et les consignes de sécurité à suivre pendant notre séjour. Après avoir appris qu'il était possible que l'on puisse être écrasé, écorché, piqué, noyé,
mangé, croqué, enlisé, renversé, défiguré par des voitures tout terrain, des requins, des dingos (sorte de chien famélique, croisement entre un loup et berger allemand en pleine phase de
stabilisation de son régime Ducan), des méduses, des araignées et autres serpents, c'est la bouche un peu sèche et la main tremblante que nous signons le document confirmant notre motivation à
conduire notre véhicule pendant notre aventure. Les "c'est déjà arrivé... Et on ne veut plus que ça se reproduise" ponctuant chacune des interventions de l'organisateur, casquette vissée sur sa
tête blonde marquée par le soleil de la côté Est, pendant la présentation suffisent également à nous convaincre du bien fondé de l'assurance complémentaire que l'on tente de nous faire prendre
depuis le début de notre briefing.
Une grosse aventure nous attendant dès le lendemain matin très tôt, la fin de la réunion prolongée par un petit repas marquera également la fin de notre journée.
La nuit a été courte. Après rassemblement puis chargement des affaires et autres provisions dans nos véhicules d'explorateurs, notre convoi prend enfin la route. Au bout de quelques kilomètres nous quittons le bitume pour nous aventurer sur des chemins de sables nous conduisant à l'embarcadère (comprendre bande de sable sauvage mais abordable par les bateaux cargo pour faire transiter des véhicules), direction le paradis.
Une fois débarqués, le guide, Luke, plutôt discret jusqu'alors, nous fait sa première allocution publique... Et nous découvrons alors l'homme le plus délirant et drôle au Nord-Est du Queensland,
sorte d'individu schizophrène dans lequel se côtoieraient Owen Wilson (pour la désinvolture), Robin Williams (pour la verve) et Gilbert Montagnier (pour le jeu de scène uniquement j'entends... Il
ne pourrait pas être guide autrement, ça va de soi).
Une fois le premier de ses très nombreux autres sketches terminé, nous reprenons le volant pour entamer nos premiers kilomètres sur notre bande de sable tracée entre des dunes de sable à la
végétation dense tirant une ligne de fuite parfaite sur notre gauche et le rivage aux vagues imprévisibles jouant d'avantage avec la perspective sur notre droite. Dans ce cadre, vidé de toute
présence humaine et où seuls nos quatre voitures semblent encore exister, l'impression de liberté est immense et la sensation d'avoir quitter la Terre omniprésente.
Après un court arrêt pour manger le midi, et comme pour chaque arrêt qu'il y aura au cours de notre aventure, nous changeons de conducteur... Et c'est moi qui m'y colle !!! Après un petit moment sur la plage et une fois la période d'appréhension lors de la prise en main du 4x4 passée, nous nous engageons dans les terres pour traverser un incroyable forêt vallonnée littéralement posée sur le sable, irréel. Mais le chemin qui s'ouvre devant nous ne nous permet pas vraiment de nous attarder sur le paysage, bosses, sable meuble, relief et virages nous laissant peu d'occasions pour nous relâcher et nous faisant comprendre un peu mieux la nécessité d'avoir nos ceintures attachées en permanence.
Après une bonne heure passée sur ces routes chaotiques à mélanger dans nos esprits les concepts de danger, de joie, de peur et d'excitation au rythme des enlisements, sauts et autres carambolages potentiels, nous arrivons enfin à notre premier site de visite, le lac Makenzie. Après coupure du contact, le son de notre moteur s'évanouie enfin (accompagné par le "HHHAAaaaaa..." de soulagement que semble s'écrier le cuir du siège de Romy alors que le fessier de cette dernière libère enfin le tissu pincé de son étreinte musculaire) pour laisser place au calme que l'endroit, niché dans la végétation, offre. Après une courte marche depuis notre lieu de stationnement, nous arrivons aux abords du lac, magnifique avec ses eaux transparentes et son sable clair.
Assis au bord de l'eau, nous en profitons pour faire un peu plus connaissance avec les allemands de notre équipage. Entre deux conversations tournant autour des particularités de langues
principalement, les filles nous confient que ma conduite les a d'avantage rassuré que celle de David, l'anglais, un peu plus intrépide et que ça leur plairait bien de ne pas le laisser conduire
trop souvent à l'avenir. Nous cachant bien de leur dire que je ne dépassais déjà pas la seconde sur ma clio (alors dans un véhicule tout terrain, n'y pensons même pas...), Romy et moi acquiesçons
sans trop broncher, sentant déjà l'eau se former dans le gaz au sein de notre groupe.
Après nos quelques heures passées au bord de l'eau, c'est finalement David, plein d'entrain, qui reprend le volant (tension, tension...) pour nous conduire, non sans difficulté (enlisements et
sorties de route venant agrémenter notre périple), jusqu'à notre camp pour le soir. Une fois arrivés, notre guide nous explique, au cours d'un de ses numéros hilarants, que le camp sur lequel
nous nous trouvons, à cause d'accidents étant survenus dans le passé avec les fameux dingos habitants l'île, est entièrement clôturé un peu à la manière d'un "Jurassic Park", lumières d'alerte et
fils électrifiés au sol aux abords des entrées de véhicules à l'appui. Malgré tout, et face à tous les efforts exposés dans le discours tenu devant nous pour contrôler l'environnement qui nous
entoure, aucun "la nature trouve toujours un chemin vous savez !!!", digne d'un Professeur Malcom éructant devant un Hammond milliardaire mais inconscient, ne viendra s'élever de la foule
et perturber notre drôle d'orateur.
En fin de présentation et après prise de possession de nos quartiers (4 mètres carré de tente rien que pour nous !!!), nous partons à l'assaut des cuisines pour préparer nos repas avec les
provisions qui nous ont été données et ainsi partager un petit moment de solidarité avec nos coéquipiers.
Le dîner suivi de la dégustation de notre "Goon" (comprendre Cubi et donc boisson infecte mais dont l'odeur acide doit suffire à elle seule à dissuader les prédateurs de s'approcher de nos barrières électrifiées... Quand l'alcool devient l'ami des animaux) nous permet alors également de faire un peu plus connaissance avec le reste du camp dans une ambiance plutôt festive jusqu'à tard dans la nuit... On se passera de commentaire !!!
Le lendemain matin nous semble un peu difficile à vivre et la qualité du vin bu la veille se fait sentir jusqu'au bout de nos cheveux au cours des premières minutes du réveil.
Après une préparation rapide, nous reprenons la route à travers les routes sablonneuses pour nous rendre à "Eli Creek". Cette jolie embouchure formée par un petit courant d'eau fraîche et pure,
et par lequel il est très agréable de se laisser porter depuis un point aménagé en amont, se présente comme le lieu parfait pour émerger doucement de notre réveil matinal.
Sur le chemin nous ramenant au camp, nous nous arrêtons en bord de plage pour admirer l'épave du Maheno, bateau écossais vendu aux japonais en 1935 pour pièces détachées, mais qui ne verra jamais
la couleur d'un sushi, un cyclone ayant décidé de sceller son sort à celui du rivage de "Fraser Island" à tout jamais.
Une longue pause auprès de cette impressionnante épave à demi enterrée dans le sable, vivant et vibrant respectivement au rythme des marées et des vagues qui viennent la percuter, nous amène
doucement vers la fin de la matinée.
Un retour rapide sur notre campement nous permet de prendre notre déjeuner avant que nous retournions sur la route de la plage "Seventy-Five Mile", pied au plancher dans nos bolides tout terrain,
afin de pouvoir remplir un programme de l'après-midi s'annonçant comme étant plutôt chargé avec:
- Un arrêt au rocher de l' "Indian Head" où, après quelques minutes de marche, il nous est possible d'observer la faune aquatique environnante (tortues, raies, et requins... Ces derniers étant
absents lors de notre visite... Snif) depuis une falaise escarpée surplombant la mer.
- une baignade dans la "Champagne Pool", sorte de piscine d'eau de mer naturelle que forme des rochers ancrés sur la plage et dont le bouillonnement créé par les vagues venant s'écraser sur la
pierre rappelle le pétillement des bulles formées au fond d'une flûte de champagne (d'où le nom... On aurait aussi pu l'appeler "le bain de Roger après une Chili Party" mais ça aurait été peut
être un peu moins distingué).
De retour à notre camp, une soirée similaire à celle du jour précédent nous attend. Mais, ne voulant pas forcément suivre le même schéma que la veille, nous décidons, après nos quelques premiers
verres de notre cher "Goon", de partir en balade avec le reste de notre groupe afin de nous rendre sur la plage la plus proche en dehors de la zone grillagée (tout en prenant soin de ne pas trop
nous disperser afin d'éviter tout problème avec les dingos, ainsi qu'avec les autres espèces tout aussi amicales qu'offre le voisinage).
Entre deux petites discussions avec nos coéquipiers, nous nous amusons à stimuler le plancton phosphorescent présent dans l'eau du coin en frottant le sable avec nos pieds ou simplement en
perturbant le courant des vagues avec nos mains lors de leur passage, faisant ainsi scintiller chacun de ces organismes dans des gerbes de lumières vert bleutées...expérience inédite et féerique
pour terminer notre seconde journée sur l'île !!!
Pour notre dernière journée sur Fraser Island, nous nous rendons au lac Wabby (un des 40 lacs de dunes que présente Fraser Island , 50% de ceux que présente la planète), bordé par une forêt
d'eucalyptus sur trois de ses côtés et par une grande étendue de sable (ou sandblow) sur son quatrième. L'arrivée aux abord du site est réellement impressionnante: après une demi heure de marche
à travers la végétation, c'est littéralement un désert (sand...) balayé par le vent (...blow !!!) qui semble se poser sous nos yeux avant de défiler sous nos pieds pour nous conduire nous, les
Lawrence d'Arabie en maillots de bain et bikinis, jusqu'à l'étendue d'eau posée en bas de la dune (et sur laquelle cette dernière grappille un peu plus de surface tous les ans).
Après un long repos au bord du lac, une fois les véhicules retrouvés, nous reprenons la route pour la dernière fois sur notre petite île exotique, direction le bateau pour l'Australie et notre
auberge nous y attendant.
Le lendemain matin, nous décidons de partir à la découverte de Rainbow Beach et des différentes couleurs, à l'origine de son nom, que sa plage présente. En chemin, nous retrouvons Ka, une chinoise de Hong Kong ayant également fait partie de notre expédition, avec qui nous décidons de faire une partie de notre chemin. Notre marche sur les chemins abruptes du bord de mer nous amène jusqu'au Sandblow Carlo, vertigineuse dune de 120 m dominant la mer.
Cette dernière visite marque la fin de notre aventure ici, au paradis des dingos, de la silice, et des dingos de silice (et réciproquement); et c'est la tête pleine de souvenirs et les oreilles de sable que nous disons au revoir à notre groupe et reprenons le bus en fin de matinée pour nous rendre à Airlie Beach, avec en prime une escale de plusieurs heures dans la magnifique zone industrielle de Hervey Bay (quand voyage est synonyme de rêve...) et un très agréable trajet de nuit sur des sièges en carton (quand rêve est synonyme de mal de dos et de sommeil réparateur...).
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Jamila (mardi, 17 décembre 2013 03:34)
Waooouuuuw! Ça a l'air dément!! La vidéo aussi est géniale! Et encore et toujours bravo pour la plume... Sauf peut-être le bain de Roger... :-))) ps: on peut les caresser les dingos? Biiiizzzz et a très vite!
Roselyne (samedi, 21 décembre 2013)
Waooouuuuw too !
Jean-Michel Civ (dimanche, 22 décembre 2013 23:34)
Dans 1/2 heure, nous serons le 23/12/2013 ici en France donc le 24/12/2013 chez vous là-bas aux antipodes...
Je vous souhaite donc un "Merry Christmas" et tant que j'y suis "A Happy New Year".
Et puis continuez à nous faire rêver avec tous ces beaux récits et ces belles photos.
Amicalement.
Jean-Michel
Delphine & Benoit (mardi, 24 décembre 2013 11:33)
Alors Romy, la conduite à gauche?... on se prépare pour l'Angleterre? :P
Nous sommes le 24 au matin en Europe, vous devez être en train de célébrer le réveillon à l'heure qu'il est...
Joyeux Noël sous le soleil!